Réparer ou jeter : que faire d’un vêtement abimé ?
Par Elodie, le 29/07/2025
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Dans un monde idéal, on n'achèterait que des vêtements durables et de grande qualité. On les réparerait à chaque accroc, les faisant durer des décennies. On atteindrait ainsi le rêve d'une garde-robe intemporelle, composée uniquement de pièces que l'on chérit et dont on s'occupe amoureusement…
Oui mais voilà, on le sait tous, le monde idéal n'existe pas. Et dans la vraie vie, entre une qualité d'origine médiocre et le coût d'une réparation, ce n'est pas toujours intéressant de réparer un vêtement abimé.
C'est pourquoi on vous a rédigé ce guide aujourd'hui, avec toutes les questions à vous poser pour prendre la bonne décision. Alors finalement, on garde ou on jette ?
Question n°1 : quelle est l'ampleur des dégâts ?

Evidemment, ce ne sera pas la même chose de refaire une simple couture décousue et de réparer une veste en tweed élimée par 20 ans d'utilisation. Cela ne demande pas le même temps de travail, ni les mêmes compétences.
C'est pourquoi on peut distinguer :
- Les réparations simples : recoudre un bouton, refermer une couture qui s'est décousue… Celles-ci sont à la portée de tout le monde car elles ne demandent pas de compétences particulières. Vous aurez simplement besoin d'une aiguille, du fil et des ciseaux. Vous pourrez trouver ce matériel en mercerie, en magasin de loisirs créatifs ou même au supermarché. Vous trouverez également assez facilement des tutos pour les réaliser, sur notre site ou plus généralement sur Internet.
- Les réparations de niveau intermédiaire, comme raccommoder un trou. Celles-ci peuvent être un peu plus complexes, parce qu'il y a besoin de compétences plus spécifiques ou d'une machine à coudre.
- Les réparations complexes (aka. il y a tout à refaire 😅) : une fois un client nous a demandé de réparer une veste dont la doublure était abimée. En regardant plus en détails, une doublure de manche était arrachée, l'autre manquait de tomber et pratiquement toutes les coutures menaçaient de rendre l'âme à court terme. Pour la réparer il aurait fallu démonter la veste, recréer le patron pour redécouper une doublure dans un nouveau tissu avant de tout remonter. Vous vous en doutez à ce stade, c'est rare que la réparation vaille le coût. Sauf pièce exceptionnelle et/ou de collection, cela vous coûtera encore moins cher de racheter neuf.
Question n°2 : est-ce que j'aurais envie de porter un vêtement rapiécé ?

Au-delà du coût, on peut estimer que plus la réparation est complexe et plus elle va modifier l'apparence générale de votre vêtement. En effet un bouton recousu ne sautera peut-être pas directement aux yeux, sauf si vous utilisez un fil de couleur très différente de celle d'origine. Mais une réparation un peu plus complexe va nécessairement se voir.
Prenons l'exemple d'un pantalon troué au niveau de l'entrejambe. Pour le réparer on va venir rajouter un morceau de jean par-dessus et/ou par-dessous le trou. Mais il est très improbable d'arriver à retrouver exactement le même tissu que celui d'origine, d'autant que celui-ci a été légèrement altéré par les lavages successifs. Cela va engendrer un contraste de couleur au niveau de la couture, qui se verra plus ou moins mais restera perceptible. A vous de voir si vous serez à l'aise de le porter ainsi ou non.
Bien sûr cela peut aussi être l'occasion d'apporter une touche de fantaisie, avec du coton liberty par exemple. On trouve aussi plein de tutos sur Pinterest pour réparer un trou à l'aide d'une jolie broderie. Attention cependant : les trous d'usure ne se forment jamais aux endroits « jolis » que l'on aurait envie de mettre en valeur. Ils sont majoritairement à l'entrejambe ou sous les aisselles, là où il y a des frottements répétés. Pas l'emplacement idéal pour une jolie fleur ou un soleil donc.
Question n°3 : est-ce que la réparation a des chances de durer ?
C'est là qu'on arrive à la troisième question : est-ce que ma réparation sera durable ? Eh oui, passer 2h à réparer un accroc et s'apercevoir que notre réparation a lâché au second lavage, c'est un peu rageant…
Au-delà de la solidité de la couture et des frottements qu'elle va devoir encore subir, c'est surtout la qualité du tissu qu'il faut regarder. Parce que si vous regardez bien, les dommages liés à l'usure se font rarement sur les coutures originelles. C'est plutôt le tissu qui s'amenuise avec le temps, jusqu'à disparaître progressivement. Et cela peut prendre plus ou moins longtemps selon la qualité d'origine du tissu.
Malheureusement il est difficile pour un néophyte de voir directement si l'on a affaire à un tissu de bonne qualité. Mais de manière générale, vous pouvez considérer que plus il est fin et/ou élastique, plus il est fragile. Cela est directement lié aux matières qui le composent, ainsi qu'au type de tissage. Ainsi un jean sans élasthanne sera beaucoup plus solide et durable qu'un t-shirt d'été en viscose, quels que soient leurs marques ou le prix que vous les avez payés neufs.
Donc pour que la réparation vaille le coup, il faut que le tissu soit encore suffisamment en bon état pour durer. Mais il faut aussi qu'elle soit bien faite. C'est pour cela qu'une dernière question se pose : à qui confier ce travail et combien cela va me coûter ?
Question n°4 : combien cela va me coûter ?

Le coût d'une réparation dépend notamment directement de la personne qui va la réaliser (et de son niveau de compétences) :
- Est-ce que vous vous sentez capable de le faire ? Dans ce cas, il n'y aura pas de coût financier à proprement parler, sauf si vous avez des fournitures à racheter (une fermeture éclair à remplacer par exemple). Par contre le temps passé peut être important, d'autant plus si vous cousez à la main.
- Est-ce que vous avez un(e) couturier(ère) dans votre entourage ? Là encore le coût peut être assez réduit, surtout si vous lui proposez un échange de services. Attention cependant à ne pas sous-estimer le temps que peut prendre la couture : quelle couturière amateur ne s'est pas retrouvée débordée par toutes les demandes de retouches et réparations en tout genre de ses proches ?
- Vous préférez faire appel à une couturière professionnelle ? Prenez le temps de réfléchir au coût financier que cela peut représenter, surtout par rapport à l'achat d'un vêtement neuf. N'oubliez pas qu'elle ne peut pas accepter d'être payée 20 centimes de l'heure comme dans les immenses usines de production de masse du Bangladesh. Est-ce que vous êtes prêt(e) à en assumer le coût ?
Conclusion
Maintenant vous savez si votre vêtement mérite d'être réparé en fonction :
- de l'ampleur du travail à réaliser
- de l'impact visuel sur l'apparence du vêtement
- de la durabilité du tissu
- des compétences du couturier/de la couturière qui va réaliser la réparation
- du coût financier et/ou du coût en termes de temps et d'énergie.
Cela vous a décidé à vous lancer dans la réparation de votre vêtement ? Bravo, un vêtement sauvé de la poubelle est toujours une victoire !
Cela vous a convaincu(e) au contraire que cela n'en valait pas la peine ? Surtout ne culpabilisez pas : si vous avez réussi à le garder jusqu'à ce que l'usure en vienne à bout, c'est aussi une victoire ! Parfois cela a pris des années, et parfois seulement quelques lavages : dans ce cas vous pouvez garder précieusement le budget qui vous auriez mis dans sa réparation, et vous en servir pour racheter un vêtement plus durable et de meilleure qualité.
Vous avez encore des doutes avant de prendre une décision ? Parlons-en dans les commentaire(s) !