Détacher un vêtement :

les astuces de grand-mère marchent-elles vraiment ?

Par Elodie, le 15/10/2025

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Il y a quelques semaines, le site d’information parodique Le Gorafi publiait un article intitulé 3 astuces de grand-mère pour remplacer une tâche par une plus grosse tache plus claire.

Et si cela nous a autant fait rire, c’est que ce n’est pas toujours complètement faux.

Alors jus de citron ou bicarbonate de soude, vinaigre blanc ou alcool ménager, quelles sont les méthodes qui marchent vraiment ? Que faisaient réellement nos grand-mères face à une tache sur un vêtement ? Y a-t-il des éléments à vérifier avant d’essayer d’enlever une tache, pour ne pas risquer de détruire le tissu en-dessous ? On fait le point ensemble dans cet article.

Qu’est-ce qu’une astuce de grand-mère ?

Ces fameuses « astuces de grand-mère » seraient un ensemble de méthodes utilisées par les bonnes ménagères du siècle passé pour s’occuper de leur maison. Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit en particulier des méthodes de détachage supposément miraculeuses et capables de venir à bout des taches les plus coriaces.

La première question qui se pose quand on parle d’astuces de grand-mère, c’est de quelle grand-mère parle-t-on. Eh oui, parce que selon que l’on soit né(e) dans les années 1960 ou les années 2000, on ne fait pas toujours référence à la même époque. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela change tout !

Pourquoi ? Tout simplement parce que l’innovation technologique dans le domaine textile a été tout à fait incroyable lors de ce dernier siècle. Les vêtements que nous ne portons aujourd’hui n’ont ni la même composition, ni les mêmes procédés de fabrication que ceux d’hier. Donc que l’on parle d’une toile de coton du début du 20e siècle, d’un bas en nylon des années 60 ou d’un tissu technique d’aujourd’hui, on ne fait pas du tout référence à la même chose !

Lors de ces dernières décennies, on a vu ainsi l’arrivée :

  • des matières artificielles et synthétiques : viscose, Lyocell, acétate, polyester, polyamide (dont le Nylon ou encore le Cordura), acrylique…
  • de nouveaux principes de tissage,
  • de nouveaux procédés de teinture, ainsi que des différents apprêts et impressions servant à donner au tissu ses propriétés finales : impression numérique, flex ou apprêts infroissables, ignifugés ou antibactériens…

Difficile de penser dans ces conditions que les mêmes méthodes de détachage peuvent être encore efficaces. Mais ce n’est pas le seul élément à prendre en compte. Il faut aussi réfléchir à quelles étaient exactement ces méthodes, parce que là encore les préjugés sont nombreux.

Ce que nos grand-mères faisaient vraiment pour entretenir leur linge

Nous allons prendre ici les années 1920-1930 comme période de référence. Là où on s’imagine les femmes de cette époque utiliser jus de citron, bicarbonate de soude ou autre vinaigre ménager pour enlever les tâches, la réalité était tout autre.

Pour illustrer nos propos, nous nous sommes procuré un Larousse ménager illustré de 1926, la référence ultime de la bonne ménagère de l’époque. Et contrairement à ce que l’on imagine couramment, les gens de cette époque ADORAIENT les produits chimiques. On y découvre notamment, à la rubrique Tache – Nettoyage à la maison, la composition idéale d’une trousse pour le détachage du linge :

« – des petites bouteilles étiquetées renfermant : benzine, essence de térébenthine, essence minérale, tétrachlorure de carbone, alcool, eau de Javel, eau oxygénée, ammoniaque ;

– une boîte avec de la terre de Sommières, de petits bocaux avec de l’acide oxalique, et du sel d’oseille, du perborate de soude, du chlorure de chaux ;

– et enfin si on le désire, quelques produits spéciaux : savon à détacher, savon de Chaptal, et quelques mixtures à détacher que l’on peut préparer d’avance, selon les formules suivantes […] »

Et si vous pensiez y trouver des recettes miracle, l’ouvrage lui-même y apporte un démenti : « Il ne suffit pas d’enlever la tâche, il faut que la substance épurante employée soit éliminée à la fin de l’épuration, sans quoi, souvent, on se bornerait à remplacer une tache par une autre tache ou par un trou. » S’ensuit une longue liste des risques à employer tel ou tel produit. Autrement dit détacher un tissu sans l’abîmer est un problème qui ne date pas d’hier !

Pour autant faut-il mettre à la poubelle toutes les « astuces de grand-mères » que l’on trouve sur Internet ? Non pas forcément, d’autant qu’un vêtement peut devenir importable à cause d’une tache trop voyante ou trop étendue.

Quelques astuces de détachage qui fonctionnent

Quelques principes de base s’appliquent dans toutes les situations :

  1. Tout d’abord il est important d’intervenir sans attendre quand vous constatez une tache sur vos vêtements. Une tache fraiche sera toujours beaucoup plus facile à enlever d’une tache qui a eu le temps de sécher.
  2. Dans tous les cas on ne frotte pas : ce serait le meilleur moyen de l’étaler. On privilégie au contraire un tamponnage doux avec un linge propre et blanc.
  3. La chaleur a tendance à fixer la matière, surtout quand elle est d’origine organique (sang, blanc d’oeuf…). Pour éviter cela on essaie toujours de détacher à froid.
  4. Si l’on n’est pas sûr de la substance à utiliser pour détacher, on peut la tester sur une partie du vêtement qui ne se voit pas. On peut penser à l’intérieur d’une ceinture de pantalon par exemple, ou le dessous d’un col de chemise. Cela limitera les dégâts si cela devait abîmer le tissu.

Vous trouverez ci-dessous quelques exemples de méthodes de détachage tirées directement du Larousse Ménager évoqué plus haut :

Origine de la tache Méthode de détachage
Boue ou terre 1. Gratter le surplus de terre

2. Laver et savonner à l’eau froide

3. Si cela ne suffit pas, essayer de frotter la tache avec un jaune d’oeuf délayé dans l’eau tiède

Café ou chocolat 1. Frotter la tache avec un mélange de glycérine et de jaune d’oeuf (à 50/50)

2. Après quelques heures de contact, laver et repasser à chaud

Sucre (sirop ou confiture) Laver à l’eau
Thé 1. Laver à l’eau tiède savonneuse

2. Repasser sur l’envers les taches encore humides

Vin rouge Laver au vin blanc tant que la tache est encore fraiche

On vous épargnera les autres méthodes présentées, qui sont toutes à base de produits dangereux ou difficiles à se procurer aujourd’hui.

Pour le reste, on peut toujours tenter le jus de citron, le bicarbonate de soude ou le vinaigre blanc, qui sont plus souvent conseillés aujourd’hui. Bien sûr comme on peut le voir ci-dessus, ce ne sont pas des astuces « de grand-mère » à proprement parler. Du moins elles n’étaient visiblement pas d’un usage courant avant la Seconde Guerre Mondiale et leur efficacité n’a rien de garanti.

Après si aucune technique ne fonctionne sur votre tache, il ne restera que 2 solutions :

Et vous, avez-vous des astuces qui fonctionnent à tous les coups ? Dites-nous tout en commentaire !